Pour ceux qui aimeraient se remettre en mémoire les grandes lignes du conte de Blanche-Neige, inspiration de la nouvelle intitulée Miroir, je vous propose ici un résumé de l’histoire - plus ou moins orthodoxe - et, dans la foulée, une interprétation possible… qui n’engage que moi, il va sans dire !
Il était une fois, donc… une petite princesse particulièrement jolie (comme elles le sont toutes, dans leur essence éternelle) dont la mère mourut en couche.
Le roi, son père, se remaria avec une femme préoccupée principalement par son apparence. Elle possédait un miroir magique qu’elle questionnait régulièrement pour s’assurer qu’elle était la plus belle femme du royaume.
Tout alla bien jusqu’au jour où le miroir déclara que Blanche-Neige, notre princesse devenue adolescente, était à présent mille fois plus belle que sa belle-mère.
Cette dernière n’y alla pas par quatre chemins : elle ordonna à l’un de ses sbires de tuer sa jeune belle-fille.
Ne pouvant se résoudre à accomplir un tel acte, le bourreau se contenta d’abandonner Blanche-Neige au fond d’une forêt.
La jeune fill trouva refuge chez 7 nains, mineurs de leur état, qui acceptèrent de la cacher en échange d’un peu d’intendance.
Mais c’était sans compter avec le miroir qui révéla bien vite le pot aux roses, forçant la reine à s’occuper elle-même de son encombrante belle-fille.
La méchante femme dut s’y reprendre à trois fois, mais elle réussit finalement à faire avaler un morceau de pomme empoisonnée à la jeune fille.
Les nains éplorés déposèrent Blanche-Neige, trop belle et pas assez morte pour être enterrée, dans un cercueil de verre au milieu d’une clairière.
Dans les délais prévus par le genre, un prince arriva et ramena la princesse à la vie pour en faire sa reine.
PS : La belle-mère fut punie comme il se doit, je crois.
Ce n’est certainement pas la seule interprétation possible, mais on peut voir dans cette intrigue une description métaphorique de ce que vit l’enfant quand la gentille maman, aimante et patiente (la vraie mère de notre princesse), est remplacée par la mère fatiguée, énervée ou en difficulté (la méchante belle-mère).
La plupart du temps, l’enfant ne comprend pas les raisons profondes de cette transformation. Elle sait seulement que, brusquement, rien ne va plus.
Pour justifier ce qu’elle subit, elle se convainc qu’elle est responsable de la situation (Blanche-Neige n’avait pas à être aussi jolie) qu’elle gère en se cachant (au fond de la forêt) et en prenant un déguisement (servante chez les nains).
Ce qui ne règle jamais vraiment le problème - dans la mesure où ce n’est pas le sien mais celui de la maman. Et, en effet, la belle-mère de notre conte ne se lasse pas de poursuivre sa belle-fille.
In extremis, les nains sauvent Blanche-Neige d’un corset qui étouffe et, plus tard, d’un peigne qui empoisonne.
Puis vient la pomme, symbole fort s’il en est : par elle, Ève perd le paradis et accède à son humanité ; par elle encore, Blanche-Neige renonce à son fantasme d’enfant toute puissante dont le but dans la vie est de satisfaire ses parents.
Elle meure au paradis sans conscience et reste dans son cercueil de verre jusqu’à ce qu’elle soit prête à accueillir le principe actif (le prince-hip, on pourrait dire) qui lui permet de devenir adulte et autonome. Elle prend alors sa place, non plus princesse mais reine avec un roi et un royaume à elle.
En réalité, il s’agit du travail d’une vie et cette transformation ne fait que s’ébaucher quand la jeune fille entre dans la vie d’adulte.
Quand elle devient mère à son tour, elle revisite la relation qu’elle a eue avec sa propre mère, une occasion de comprendre et transformer celle qu’elle a - ou voudrait avoir - avec sa fille. Quand elle devient grand-mère, cette porte s’ouvre à nouveau. J’ai décrit dans un autre article mon expérience de ce processus et comment ce conte m’a aidée à y voir un peu plus claire… je crois.